Les Types de discours

Le discours argumentatif : fiche synthétique

Le discours argumentatif a pour but de convaincre par l’argumentation, le raisonnement. Voici un tableau synthétique des indices de l’argumentation.
 

 Un discours argumentatif : « Du droit du plus fort »
« Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître, s’il ne transforme sa force en droit, et l’obéissance en devoir. De là le droit du plus fort; droit pris ironiquement en apparence, et réellement établi en principe. Mais ne nous expliquera-t-on jamais ce mot ? La force est une puissance physique ; je ne vois point quelle moralité peut résulter de ses effets. Céder à la force est un acte de nécessité, non de volonté ; c’est tout au plus un acte de prudence. En quel sens pourra-ce être un devoir ?
Supposons un moment ce prétendu droit. Je dis qu’il n’en résulte qu’un galimatias inexplicable ; car, sitôt que c’est la force qui fait le droit, l’effet change avec la cause : toute force qui surmonte la première succède à son droit. Sitôt qu’on peut désobéir impunément, on le peut légitimement ; et, puisque le plus fort a toujours raison, il ne s’agit que de faire en sorte qu’on soit le plus fort. Or, qu’est-ce qu’un droit qui périt quand la force cesse ? S’il faut obéir par force, on n’a pas besoin d’obéir par devoir ; et si l’on n’est plus forcé d’obéir, on n’y est plus obligé. On voit donc que ce mot de droit n’ajoute rien à la force ; il ne signifie ici rien du tout.
Obéissez aux puissances. Si cela veut dire : Cédez à la force, le précepte est bon, mais superflu ; je réponds qu’il ne sera jamais violé. Toute puissance vient de Dieu, je l’avoue ; mais toute maladie en vient aussi : est-ce à dire qu’il soit défendu d’appeler le médecin ? Qu’un brigand me surprenne au coin d’un bois, non seulement il faut par force donner sa bourse ; mais, quand je pourrais la soustraire, suis-je en conscience obligé de la donner ? Car, enfin, le pistolet qu’il tient est une puissance.
Convenons donc que force ne fait pas droit, et qu’on n’est obligé d’obéir qu’aux puissances légitimes. Ainsi ma question primitive revient toujours. »
Jean-Jacques Rousseau, Du contrat social, Chapitre I, 3.


Le discours descriptif : fiche synthétique



Le discours descriptif a pour vocation de dépeindre, évoquer, caractériser, qualifier. Voici un tableau synthétique des indices de la description.


Un discours descriptif : un extrait de Quatre-vingt-treize
« C’était un haut vieillard, droit et robuste, à figure sévère, dont il eût été difficile de préciser l’âge, parce qu’il semblait à la fois vieux et jeune ; un de ces hommes qui sont pleins d’années et de force, qui ont des cheveux blancs sur le front et un éclair dans le regard ; quarante ans pour la vigueur et quatre-vingts ans pour l’autorité. Au moment où il était monté sur la corvette, son manteau de mer s’était entr’ouvert, et l’on avait pu le voir vêtu, sous ce manteau, de larges braies dites bragou-bras, de bottes-jambières, et d’une veste en peau de chèvre montrant en dessus le cuir passementé de soie, et en dessous le poil hérissé et sauvage, costume complet du paysan breton. Ces anciennes vestes bretonnes étaient à deux fins, servaient aux jours de fête comme aux jours de travail, et se retournaient, offrant à volonté le côté velu ou le côté brodé ; peaux de bête toute la semaine, habits de gala le dimanche. Le vêtement de paysan que portait ce vieillard était, comme pour ajouter à une vraisemblance cherchée et voulue, usé aux genoux et aux coudes, et paraissait avoir été longtemps porté, et le manteau de mer, de grosse étoffe, ressemblait à un haillon de pêcheur. Ce vieillard avait sur la tête le chapeau rond du temps, à haute forme et à large bord, qui, rabattu, a l’aspect campagnard, et, relevé d’un côté par une ganse à cocarde, a l’aspect militaire. Il portait ce chapeau ras baissé à la paysanne, sans ganse ni cocarde. »
Victor Hugo, Quatre-vingt-treize.

Le discours explicatif ou informatif : fiche synthétique

Le discours explicatif ou informatif a pour but d’informer, d’expliquer, de faire comprendre. Voici un tableau synthétique des différents indices de l’explication.


Un discours explicatif :
un article encyclopédique
« Alexandre Dumas (1802-1870) est un écrivain français, célèbre surtout pour ses romans historiques publiés en feuilleton, tels les Trois Mousquetaires et le Comte de Monte-Cristo.
Né à Villers-Cotterêts, Alexandre Dumas part chercher fortune à Paris avant d’entrer au service du duc d’Orléans. À partir de 1825, il écrit pour le théâtre. Il connaît son premier succès avec Henri III et sa Cour (1829), un drame historique qui préfigure le théâtre romantique. Il triomphe ensuite avec la Tour de Nesle (1832) et Kean ou Désordre et Génie (1836).
Alexandre Dumas est également l’auteur de romans, publiés pour la plupart en feuilleton. Parmi ses romans historiques les plus célèbres figurent la trilogie des « mousquetaires » (les Trois Mousquetaires, 1844 ; Vingt Ans après, 1845 ; le Vicomte de Bragelonne, 1848), le Comte de Monte-Cristo (1844-1846) et la Reine Margot (1845).
Aidé par différents collaborateurs, Alexandre Dumas travaille sans relâche et produit un très grand nombre de romans-feuilletons. Il est également l’auteur de récits de voyage, de causeries et même de recettes de cuisine. En exil en Belgique, il écrit ses Mémoires (1854-1854) puis revient en France. Le 30 novembre 2002, sa dépouille est transférée au Panthéon aux côtés de celle de son ami Victor Hugo.»
« Alexandre Dumas ».

Le discours injonctif : fiche synthétique

Le discours injonctif a pour vocation d’interpeller, apostropher, faire agir un destinataire. Voici un tableau synthétique des différents indices de l’injonction.


Un discours injonctif : une recette poétique
« Prenez un mot prenez-en deux Faites cuire comme des oeufs Prenez un petit bout de sens Puis un grand morceau d’innocence Faites chauffer à petit feu Au petit feu de la technique Versez la sauce énigmatique Saupoudrez de quelques étoiles Poivrez et puis mettez les voiles Où voulez-vous donc en venir ? À écrire Vraiment ? à écrire ??? »
Raymond Queneau, « Pour un art poétique », le Chien à la mandoline, 1965.

Le discours narratif : fiche synthétique

Le discours narratif a pour vocation de raconter, narrer une histoire, un événement. Voici un tableau synthétique des indices de la narration.


Un discours narratif : un extrait de Madame Bovary
« Selon la mode de la campagne, elle lui proposa de boire quelque chose. Il refusa, elle insista, et enfin lui offrit, en riant, de prendre un verre de liqueur avec elle. Elle alla donc chercher dans l’armoire une bouteille de curaçao, atteignit deux petits verres, emplit l’un jusqu’au bord, versa à peine dans l’autre, et, après avoir trinqué, le porta à sa bouche. »
Gustave Flaubert, Madame Bovary.

Les discours expressif et impressif : fiche synthétique

Le discours expressif

Le discours expressif est un moyen d’exprimer des émotions, des sentiments. Voici un exemple poétique de discours expressif.
« Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers Picoté par les blés, fouler l’herbe menue : Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds. Je laisserai le vent baigner ma tête nue. Je ne parlerai pas, je ne penserai à rien : Mais l’amour infini me montera dans l’âme, Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien, Par la nature, — heureux comme avec une femme. » Arthur Rimbaud, « Sensation », Poésies.

Le discours impressif
Le discours impressif permet de susciter chez le destinataire des émotions, des sentiments. Voici un exemple poétique de discours impressif.
« Marquise, si mon visage A quelques traits un peu vieux, Souvenez-vous qu’à mon âge Vous ne vaudrez guère mieux. Le temps aux plus belles choses Se plaît à faire un affront : Il saura faner vos roses Comme il a ridé mon front. Le même cours des planètes Règle nos jours et nos nuits : On m’a vu ce que vous êtes Vous serez ce que je suis. Cependant j’ai quelques charmes Qui sont assez éclatants Pour n’avoir pas trop d’alarmes De ces ravages du temps. Vous en avez qu’on adore ; Mais ceux que vous méprisez Pourraient bien durer encore Quand ceux-là seront usés. Ils pourront sauver la gloire Des yeux qui me semblent doux, Et dans mille ans faire croire Ce qu’il me plaira de vous. Chez cette race nouvelle, Où j’aurai quelque crédit, Vous ne passerez pour belle Qu’autant que je l’aurai dit. Pensez-y, belle Marquise ; Quoiqu’un grison fasse effroi, Il vaut bien qu’on le courtise Quand il est fait comme moi. » Pierre Corneille, « Stances à Marquise », Poésies.

Le schéma de la communication

Le linguiste américain Roman Jakobson, dans ses Essais de linguistique générale (1963 et 1973), démontre que la plupart des actes de langage mettent en œuvre six facteurs :
Un destinateur (émetteur ou locuteur) qui transmet un message à un destinataire (ou récepteur) dans un contexte, selon un code (la langue par exemple) qui est commun à l’émetteur et au récepteur et par le biais d’un contact (ou canal) qui établit et maintient la communication à travers un message (la parole ou l’écrit).
Pour résumer on peut se poser six questions :
Qui parle ? le destinateur
À qui ? au destinataire
Que dit-il ? le message
Avec quoi communique-t-il ? un code, sa langue par exemple
Dans quelle condition ? grâce à un contact ou canal, soit face à face, par téléphone, par lettre, par e-mail, etc.
Où, quand, pourquoi… ? dans un certain contexte de communication.

En partant de ce schéma, Roman Jakobson distingue six fonctions du langage : référentielle (centrée sur le contexte), poétique (centrée sur le message), expressive (centrée sur le destinateur), conative (centrée sur le destinataire), phatique (centrée sur le canal) et métalinguistique (centrée sur le code).


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